Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

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représentants d’une aimable nation. La passion de la musique, d’heureuses dispositions pour la scène leur donnent à mes yeux un attrait particulier. Vous vous rappelez, j’en suis sûr, le talent déployé par l’aîné de ces messieurs aux jolies représentations que le prince Radziwil avait organisées dans son palais de Berlin. Notre spirituel acteur d'alors est revenu à Paris avec sa femme; j'avais déjà eu le plaisir deles rencontrer chez la duchesse de Holstein-Beck (1) et chez la princesse Dolgorouki. Le comte de Caraman a eu le bonheur de se réconcilier avec son père; ils habitent ensemble le vieil hôtel patrimonial. Je suis charmé du bien que j'entends dire d’eux; les gens les mieux informés m'assurent que c’est une calamité pour le Languedoc d’avoir perdu cette famille, qui à fait preuve, pendant des siècles, de la plus noble munificence dans l’exécution de travaux publics; elle a été la bienfaitrice du pays.

Une autre de mes anciennes relations, l’ex-ministre baron de Breteuil (2), qui a vendu sa maison de Hambourg pour rentrer en France, était aussi des nôtres avec sa fille, Mme de Matignon, et sa petite-fille.

Parmi les étrangers, Danois, Allemands, Espagnols, Anglais, plusieurs ont été des interlocuteurs intéressants, entre autres le fils de notre ministre Hardenberg, à l’obligeance de qui je devais ma présentation chez le séna-

année, de son onele maternel prince de Chimay, la terre et le titre de ce nom. L’ainé des trois fils, comte Victor, était resté dans l’entourage de Louis XVII.

(1) La duchesse (Frédérique, comtesse de Schlieben) avait épousé, en 1780, le duc de Holstein-Beck, de la branche ducale HolsteinSæœnderburg, ligne cadette de la famille royale de Danemark. Le duc était général au service de Prusse.

(2) Le Tonnelier, baron de Breteuil, ancien ministre de la maison du Roi, était revenu d'émigration en 1800, dans un état voisin de la gène; l'héritage de Mme de Créqui l'avait remis à flot.