Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

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homme agréable, spirituel, doué, dit-on, d’un remarquable talent de parole. Il avait eu la politesse de m’engager à passer une soirée chez lui, et je n’ai pas manqué de répondre à son invitation. Je me suis trouvé au milieu de bourgeois parisiens, d'étrangers, Hollandais pour la plupart; dans deux grands salons, les gens graves jouaient au reversi, à la bouillotte, au whist; la jeunesse, occupée de jeux de société, dans un troisième salon plus petit, paraissait fort animée. Depuis mon arrivée ici, je n’avais pas assisté à une réunion où les âges et les manières d’époques différentes fussent aussi mélangés : vieilles dames en costume Louis XV; jeunes femmes et jeunes filles en toilettes du jour, les unes exagérées, les autres simplement élégantes ; quelques-unes enfin mises en ne consultant que leur caprice. Dans le grand monde, on n’aperçoit plus une seule femme âgée; toutes sont jeunes ou le paraissent, et elles ne se contentent pas de suivre les modes juvéniles, souvent elles s’habillent comme les enfants. « Savez-vous habiller ex enfant? » est la première question que la Parisienne adresse maintenant à une candidate femme de chambre.

J'avais compté me donner le plaisir d’une belle exhibition de toilettes, en allant au pèlerinage de Longchamps, à l'extrémité du bois de Boulogne; la promenade que l’on

fut chargé par ses coreligionnaires de prononcer le discours du service célébré à l’occasion de l'acception de la Constitution par Louis XVI en 1791. Emprisonné plusieurs fois sous la Terreur, Marron rendu à la liberté avait repris ses fonctions; décoré par le Premier Consul, il a eu une grande part à la préparation de la loi qui réorganisa les cultes. En 1814, il adressa une pièce de vers latins à Louis XVIIT, l’admirateur d'Horace, et mourut en 18392, à l’âge de soixante-dix-huit ans. Outre ses discours religieux, qui ont été imprimés, Marron a inséré de nombreux articles dans le Magasin encyclopédique. On prétend que le livre de Mirabeau, Aux Bataves sur le Stathoudérat, est en partie l’œuvre de Marron.