Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

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prenti charge avec des clous et des morceaux de plomb un petit canon qui servait de jouet dans la maison, l'approche de sa tempe, y met le feu avec une mèche et se fait sauter la cervelle. On a trouvé, à côté de sa chandelle, un billet dans lequel il déclare qu'il se tue de sa propre volonté, sans que personne l’y ait incité. — La frivolité du motif, la précocité de la victime, sa résolution, son habitude des armes à feu sont des traits de mœurs de l’époque. Combien d’autres indices non moins caractéristiques ne pourrait-on pas relever, soit en parcourant les journaux, soit en flänant par les rues et les promenades. Les affiches du Palais-Royal, les enseignes, les annonces, les prospectus médicaux et autres, distribués à profusion sur la voie publique, fourniraient aussi ample matière à des révélations, où la décence et la réserve seraient aussi peu respectées l’une que l’autre. L’indiscrétion et l’impudence sont poussées à un degré vraiment incroyable.