Un missionaire de 93 : Marc-Antoine Baudot : son róle politique, ses missions, ses mémoires ou notes historiques

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« avait découvert Hoche, et agrandi la France jus« qu'au Rhin. OEil d’aigle, bouche souriante, grand « habit noir, bas de soie, il venait chaque jour pas« ser deux heures chez mes parents. Jamais il ne « parlait de la Révolution. C’élait là aussi, un sujet « interdit, soit qu’il craignît de ne pas être compris, « soit que lui-même fût importuné de ses souvenirs. « Je l’entendis pourtant dire un mot qui me frappa : « D’autres hommes ont la fièvre pendant vingt-quatre « heures ! Moi, madame, je l'ai eue pendant dix ans!» « Quelle pouvait-être cette fièvre ? Ce mystère m'at« tirait ; car le silence profond gardé sur les grands « événements, par ceux mêmes qui les avaient faits, « était alors l’un des traits de la France. Si j’interro« geais, on me répondait tout bas par le mot de Ter-reur. Je supposais alors des histoires effroyables ; « mais en rencontrant le lendemain sur l'escalier « cette même figure si gracieuse, si souriante, si « charmante, la plus aimable, peut-être, que j'ai vue, je ne savais plus que penser. » (1)

Telles sont les impressions qu’éprouva, dans sa jeunesse, le grand philosophe, au contact de cet homme dont la modestie égalait le mérite.

Nous avons dit qu'à son lit de mort, Baudot ne voulut point réclamer les prières des prêtres catholiques ; sa famille, respectueuse de ses convictions que, sans doute, elle partageait, s’abslint d'appeler le clergé à ses funérailles. Elles furent, comme nous di-

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(4) Edgar Quinet, — Histoire de mes idées, 7e éd., p. 67.