Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes

PRÉFACE 19

en 1849, soutenaient que tous les Slaves du Sud étaient Serbes : d'autres, comme Anté Starcevic, que tous étaient Croates : mais lentement, le sentiment de la communauté pénétrait tous les esprits : le grand évêéque Strossmayer fut le propagateur éloquent de l'idée et laissa derrière lui sa fondation illustre, la plus importante institution scientifique des Sud-Slaves de la monarchie : l'Académie des sciences et des beaux-arts de Zagreb (Agram), où Slovènes et Croates voisinaient: cette Académie et l'Université de Zagreb, où des Slovènes enseignaient, devinrent les plus puis: sants instruments de l'idée nouvelle, qui se propageait lentement. L'anneæxion de la Bosnie-Herzégovine montra qu’elle avait triomphé dans tous les esprits. Au cœur des territoires slovènes, en Carniole, tous les partis politiques slovènes de la Diète, sans exception, se prononcèrent pour la réunion avec la Croatie. En Croatie, le nouveau parti au pouvoir affirmait, dans le premier article de son programme, l'unité morale de la nation sud-slave et il prenait un nom significatif, celui de « coalition serbo-croate ». On peut affirmer qu’à la veille des guerres balkaniques, la grande majorité . des Slaves de l'Autriche était imbue du sentiment de l'unité morale des trois groupes de leur nation : slovènes, croates et serbes; au Congrès de Prague, en 1908, ils formèrent un groupe uni sous le nom de « Yougo-Slaves », à côlé des autres groupes slaves : russes, polonais, tchèques, bulgares. Les seuls opposants étaient des fractions catholiques groupées autour de chefs politiques ou religieux : le D° Sustersie chez les Slovènes, le D° Frank chez les Croates, l’évêque Stadler