Une mission en Vendée, 1793

UNE MISSION EN VENDÉE, 1193. 323

aussitot qu’elles ont appris notre position, ont eté inquietes. Celle de Veluire est venu nous demander, si nous avions besoin de leurs bras: tous veulent venir nous deffendre, et tiendront parolle; il scavent appretier notre position, ils scavent que leurs sort tient au notre. Le 1/4 des meubles de Fontenay est parti, ainsy qu’une partie des femmes. Ta fille Vinet est partie le 15 pour Maillié avec sa famille; elle y a loué une maison. Ma pauvre Rozete est restée, ella bien eu de la peine. Elle a emballé toute ma marchandise et la fait partir pour Villeneuve. La securité ou jesuis ma déterminé à la guarder aupres de moy et elle ne partira qu’en cas dattacque, mais nous ne le seron pas. Nous vous ambrasson tous de tout notre cœur.

Signé : RANON ainé.

La troupe part, il est 10 heures.

Fontenay-le-Peuple le 21 ventose de l'an 2e de la République francaise üne et indivisible.

J'ai reçu ta chere lettre, tendre et bon pere. Je l’ai lu avec tout l’attendrissement que m'inspire le just retour de l’amilié que tu a pour moy, et dout lu ne cesse de me donner des preuves. J’y répondrai, tu dois le compter. Je ne peux rétourner avec ton exprès, parce que Loiseau l’apoticaire vient de me prévenir de l’arrivée de Benoist. Il doit etre chez moi de ce matin. On s'occupe de me chercher des chevaux pour partir démain. Sois assuré, bon papa, que j'irai te joindre aussitot son départ. — Tout est tranquille ici maintenant. On renforce ce soir le poste de la Chateigneraye de cent hommes d'infanterie et de quinze hommes de cavalerie. Les brigands y furent frottés d'importance hier. Ils vinrent jusqu’à la Tardiere, et se mirent en deroutte a l'apparition de republiquains. Cetoit une ruse pour entrainer nos braves freres dans leur piège, parce que à quelques distance de la ils avoient un renfort pour nous mettre en deroutte a leur tour, mais le general eut la précaution de ne pas s'engager a les suivre sans avoir des tirailleurs en avant pour éclairer le pays. En effet, il envoya cent hommes, et la cavalerie les chargea d’une rude maniere, Ils laisserent bien vitte sabots, fourches, bâtons et quelques fusils (ils sont, il y a aparence,