Une mission en Vendée, 1793
UNE MISSION EN VENDÉE, 1793. 343
habits. J’allai seul à la rencontre des hussards ayec mon fusil et mon uniforme. Ils me désarmèrent. Je les prévins que j'avais de la garde nationale. Je les conduisis au corps de garde et fis déposer les fusils en faisceaux. On me rendit le mien. J'allai au-devant de Grignon. Il me fit désarmer de nouveau, me demanda d’un air atroce qui j'étais. Je lui dis qu’on cumulait les fonctions sur les mêmes têtes, que j'étais à la fois capitaine de la garde nationale, président de la commission municipale de la commune, président du comité de surveillance du canton et commissaire pacificateur du district. Je lui dis que j'étais autorisé du département, du district et du général Bard à créer une garde nationale. Il me dis qu'il ne connaissait ni département, ni district, ni général Bard. Il fit lier ma garde, me demanda qui étaient ces gens-là. Je lui répondis que je ne savais pas le détail de ce qu'ils avaient fait pendant mon absence du pays, mais que depuis mon retour ils avaient bien mérité dela patrie en faisant journellement des patrouilles dans un local où sur 60 lieues carrées il n’y avait pas un soldat, en enlevant 200 fusils aux brigands, arrêtant de grands coupables et brisant 25 cloches, qu'ils s'étaient conformés aux proclamations des représentants du peuple et des généraux de l’armée de l'Ouest que la commission militaire à qui on en avait livré deux qui se trouvaient dans le même cas, me les avait rendus avec éloge de leur civisme actuel. Il ne daigna pas lire la lettre de Bard et celle du district que je lui présentai. Il me répondit qu'il ne connaissait nicommission militaire, ni proclamation des représentants et des généraux de l’armée de l'Ouest, et sur une voix qui cria : Et le maire aussi, il est suspect, par ordre de Grignon on m’arracha mon uniforme pour me fusiller. Un soldat me reconnut pour avoir suivi pendant toute la guerre de la Vendée la troupe de la République. Je prononçai le nom de mon ami Joba, avec qui j'avais plusieurs fois donné la chasse aux brigands. Je parlai avec l'autorité de la vérité et l’ascendant de la vertu. Grignon me fit rendre mon habit, mon portefeuille et de l’argenterie. Je perdis 100 tt. en assignats de 10 s. et une bourse d'or, j'ignore ce qu’elle contenait; elle n'était pas à moi el je n'ai pas vu depuis la femme qui me l’avait confiée. 10 hommes de ma garde nationale furent mal tués el en réchappèrent. (Un homme prêt à être fusillé demanda à un soldat d'aller