Une mission en Vendée, 1793

1V NOTE PRÉLIMINAIRE.

réaction en bride; entraîner les modérés; calmer les impatients; résister aux violents; enseigner aux municipalités leurs devoirs: faire pénétrer les principes républicains dans un pays où l’on parle à peine français; expliquer la politique de la Convention, son rôle, le but qu’elle poursuit au milieu des factions; commenter et traduire la Révolution au jour le jour et à mesure que les événements se déroulent ; pourvoir à tous les besoins; satisfaire à toutes les réclamations; réformer tous les abus; punir toutes les fautes: réparer tous les désastres; soutenir la guerre sans troupes: équiper des armées sans argent; apaiser l’âpreté des rivalités locales; rendre au pouvoir central son autorité et son prestige; apprendre ce qu'est la patrie à des populations qui l’ignorent; sauver la France que les fédéralistes prétendent morceler et que les royalistes veulent livrer à l’ennemi,

Autant les difficultés sont grandes, autant sont restreints les moyens d’action. C’est par des prodiges d’habileté et d'énergie que les commissaires de la Convention parviennent à faire — selon le mot célèbre — « de l’ordre avec du désordre ». Pour venir à bout de cette anarchie militaire, administrative, financière, sociale, ils déploient un esprit politique admirable. En deux jours, ils rétablissent la discipline dans la flotte, et rendent les matelots à eux-mêmes. L'armée de terre ne les préoccupe pas moins. [ls récompensent certains généraux; ils envoient les autres devant le tribunal révolutionnaire, usant tantôt de sévérité, tantôt d’indulgence pour obtenir cette unité d’action sans laquelle la victoire est impossible, Les documents se rapportant à la guerre, qu’on trouvera épars dans ce volume, donnent une idée de la violence des luttes engagées entre le pouvoir civil et l'autorité militaire. Est-il vrai que certains chefs de corps s’entendissent avec l’ennemi pour faire durer les hostilités, et bénéficier ainsi d’un long commandement ? A lire certaines dépêches et certaines lettres, on le croirait volontiers. Ce qui paraît cerlain, c’est que nos officiers supérieurs, jaloux les uns des autres, se refusaient mutuellement leur concours. On ne pouvait les forcer à l’union qu’en les menaçant d’un châtiment