Une offrande Genevois à l'Assemblée nationale

UNE OFFRANDE GENEVOISE A L'ASSEMBLÉE NATIONALE 3

les chefs démocrates (parmi lesquels Clavière, Reybaz, Durouveray, elc.) s'enfuirent; une restauration aristocratique appuyée sur l'occupation militaire et la garantie des puissances élimina du pouvoir les masses populaires. Cette réaction dura jusqu’en janvier 1789. Alors une émeule, causée par le renchérissement du pain, montra la faiblesse du gouvernement aristocralique et l’obligea à faire des concessions. L'édit de pacification du 10 février 1789 les codifia. Quoique adopté par presque toute la population et fèté avec enthousiasme, cet édit était loin d’avoir les conséquences démocratiques qu'il avait l'air de promettre; aussi ses auteurs, pour se garantir contre un retour de l'opinion populaire, avaient fait adopter l’article 31° et dernier que voici (1) :

« Pour assurer d'autant mieux la durée du présent Édit, qui a pour base celui de 1789, dont il n’est qu'une modification opérée par les Conseils, selon les formes que la susdite Loi de 1782 aétablies, & pour empécher plus efficacément qu'aucune innovation ne puisse y être faite contre la volonté libre d’aucun des Ordres de l'État, la République, pénétrée du plus profond respect pour les Aucusres Puissances Garanres, à attachant le plus haut prix à leur Garantie, charge le Conseil de solliciter ces Puissances, de la manière la plus forte, de vouloir bien accorder nommément, le bienfait de leur Garantie au présent Édit. » |

À Berne et à Turin cette garantie était relativement facile à oblenir; en France de sérieuses difficultés allaient se présenter. Là, l'opinion publique, portée par l'élan de la Révolution naissante, n'était nullement disposée à laisser renforcer un gouvernement pseudo-démocratique sur les intentions duquel les réfugiés de 1782 la tenaient au courant. En effet « M. Dumont interrompit ses travaux pour se rendre à Paris avec Duroverai (2), ancien procureur général

(1) Édit du 10 février 1789, signé Puerari; chez J. I. Pellet, imprimerie de la République. (Bibliothèque publique de Genève. Gf: 315, vol. 67, pièce 7).

(2) L'orthographe de ce nom varie beaucoup; on l'écrit aussi Du Roveray, du Rouveray, Durov eray, ete,