Une offrande Genevois à l'Assemblée nationale

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de la république de Genève. Le but de leur voyage était de profiter du retour de M. Necker au ministère et des circonstances où se trouvait alors la France, pour rendre à Genève une entière liberté, en détruisant le traité de garantie... qui ne permettait de changer les lois de la république qu'avec approbation des puissances garantes (1) ». Mais leurs intentions ne s’arrêtèrent point là ; ils voulaient « finir ce que la révolution de Genève n'avait qu'ébauché, car dans celte révolution faile très précipitamment, le parti populaire s'était contenté de rentrer dans une partie des droits qu'il avait perdus en 1782. Les conseils avaient cédé une partie des pouvoirs usurpés, mais ils avaient eu l'adresse d’en conserver plusieurs. Les Genevois qui élaient à Londres avaient été peu satisfaits de cet arrangement; la clause qui les choquait le plus, c’est que les exilés, quoique rappelés dans leur patrie, n'étaient pas rétablis dans leurs charges et leurs honneurs (2) ».

La situation était indécise. Louis XVI « ne voulait ni approuver le renversement de l’édit de 1782, ni hasarder un refus à un arrangement consenti librement par les deux parties. L'affaire devait traîner en longueur (3) ». C'est alors que Dumont, aidé par Clavière, Durouveray et surtout par Reybaz, écrivit ses Reclamations des Genevois patriotes… (4), qui produisirent à Genève une profonde sensation. Du côté de l'aristocratie genevoise on ne resla pas inaclif, d'autant moins qu'à Genève mème le mécontentement allait en grandissant; «on continue à prendre des signatures pour les envoyer à Paris, à M. Clavière qui en fait usage, dont le but est de témoigner le désir de voir réintégrer dans leurs

M) Etienne Dumont, Souvenirs sur Mirabeau et sur les deux premières assemblées législutives, Paris, 1832, p. x.

(2) ibid., p. 3.

(3) ibid, p. 31.

(4) Voir plus haut, p.2.