Une offrande Genevois à l'Assemblée nationale

UNE OFFRANDE GENEVOISE A L'ASSEMBLÉE NATIONALE 51

mieux dans la solennilé de ce don, dans l'intervention de l'agent de la république, et dans celle du ministre des finances.

Et dans quelle circonstance leur don vous est-il offert? Il coïncide aussi précisément pour le Lemps avec la garantie qu'ils ont obtenue, que s’il en était le prix et le retour ; les soupçons se fortifient quand on voit dans la lettre des donateurs que, loin d'être le superflu de l'abondance, ce don est un sacrilice arraché à la disette et au besoin. Singulière générosité! Quoi ! les citoyens de Genève voient autour d'eux un peuple qui leur tient par les relations les plus fortes, par les liens du sang, par les affections sociales et celles de la patrie; ils sont témoins de son indigence, ils nous en font eux-mêmes un tableau lugubre; et lorsque leur bienfaisance peut et doit s'exercer sur des irères, ils préfèrent de la répandre au dehors, de l'envoyer au loin avec les trompettes de la renommée! Ils nous offrent un présent magnifique dans le cadre de la misère ; ils ne pensent pas que notre délicatesse nous inviterait plutôt à leur offrir des secours, et qu'au moins nous leur dirions : Excilez les arts languissants, soutenez vos manufactures, appelez dans voire sein l'abondance, avant de nous offrir des présents que l'humanité ne nous permettrait d'accepter que pour les reverser avec usure sur les habitants de votre patrie. (Ici les applaudissements s'élèvent de tous les côtés de la salle).

Toutes ces réflexions naissent de la lettre même des donaleurs: mais quels évènements j'aurais à vous décrire, si je voulais approfondir ces bienfaits, ces marques d'intérêt et de bienveillance qui animent la reconnaissance des aristocrates genevois ! Il faudrait vous montrer, en 1766, les citoyens de Genève luttant contre l’orgueil et le despotisme de M. de Choiseul qui, pour les réduire et pour les punir de leur noble amour pour la liberté, sévissait contre eux par les menaces, par l'interdiction du commerce, par un cordon de (roupes qui les enfermait dans leurs murs. Il faudrait vous montrer, en 1782, Genève assiégée, envahie, les défenseurs du peuple exilés, le peuple lui-même désarmé, traité comme une conquête, soumis au double joug du despotisme civilet du despotisme militaire, et 500 Genevois s’éloignant avec horreur de leur patrie opprimée. Cest ainsi que nous avons servi les aristocrates de Genève ; tels sontles bienfaits dont ils nous apportent le prix. Mais le moment n’est pas venu d’agiter cette question des garanties nationales, d'examiner si nous laisserons aux ministres le pouvoir de mêler la France dans les lracasseries intérieures des autres pays, de préparer pour l'avenir des semences de difticultés, de guerres, de dépenses ouéreuses pour nous, absurdes en elles-mêmes, et odieuses à nos voisins.

‘Cette question vous sera portée par les Genevois eux-mêmes, qui,