Variétés révolutionnaires

LA ST-HUBERTY ET LE COMTE D'ANTRAIGUES 197

ronnes sur sa voiture! La saison de 1785 à Marseille laisse loin derrière elle les voyages de Rachel ou de madame Sarah Bernhardt au pays du pétrole. La ville de Marseille offrit à la chanteuse une fête sur l'eau comme à une souveraine. La Saint-Huberty, en Cléopâtre, trônait sur une galère dorée, entourée d'une flottille d'adorateurs, distribuant des palmes aux vainqueurs des joutes ; dans des banquets officiels servis à l'antique on lui décernait le titre de dixième muse, qui à tant servi. A son retour à Paris, la Saint-Iuberty, brisée par tant de triomphes, trouva le public un peu froid ; de jeunes actrices, la Maillard, la Dozon, la Mulot, commençaient à faire apprécier leur voix plus fraiche et leur jeu plus naturel. Pourtant l'influence de la grande artiste était loin de décroitre ; la direction cédait toujours à ses caprices, etses ennemis l'appelaient le « ministre plénipotentiaire de l'Opéra ».

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Les aventures amoureuses de la Saint-Huberty ont eu peu de retentissement. Le Vol plus haut ne lui donne que des amants assez obscurs, des hommes d’affaires juifs, des acteurs de second ordre, à une exception près, celle du marquis de Louvois, « l'homme de qualité le plus méchant de France », bien fait pour s'entendre avec l'actrice que dans ses notes des archives Dauvergne appelait