Variétés révolutionnaires

228 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

témoignage de Mme Campan n'est pas toujours parole d'Evangile, puisqu'elle aurait affirmé à Napoléon, suivant O'Méara, que dans la nuit du 5 au 6 octobre un homme couché avec Marie-Antoinette s'enfuit en perdant ses chausses. Evidemment, tandis que l'émeute grondait autour du palais, la reine était incapable de commettre une pareille imprudence (1).

Un mot singulier de la gouvernante des enfants de France nous fait supposer qu'elle professait en religion l'aimable scepticisme du grand siècle. Le matin du 6, les émeutiers parisiens et les poissardes vont réveiller avant le jour le curé de Saint-Louis pour se faire dire une messe basse. Mme de Tourzel s'étonne « du mélange de superstition (sic) qui accompagnait leur barbarie ». Le roi dut capituler et rentrer aux Tuileries avec sa famille. La gouvernante était dans la voiture royale et elle constate la joie des Versaillais « quoiqu'ils eussent tout à perdre à l'établissement de la cour à Paris ». Le cri « lugubre » de : Vive la nation! retentit tout le long de la route, et il fallut que le cortège passât devant la maison de Passy dont le duc d'Orléans avait loué les fenêtres pour jouir de son triomphe, tandis qu'à deux pas de là, à la grille de Chaillot, le bon Bailly, maire de Paris, avec son tact ordinaire recevait de la meilleure foi du monde le roi

(1) Mme Campan aurait aussi affirmé à Talleyrand que Fersen se trouvait cette nuit-là dans la chambre de la reine, s’il faut en croire les Souvenirs de lord Holland.