Variétés révolutionnaires

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royalistes et reconquérir sa capitale. Il était poussé par les agents de l'Autriche, par Mercy-Argenteau, l'ambassadeur de l'empire, et par le duc de Choiseul, colonel du royal-dragons, jeune écervelé qui prépara en juin 1791 le plan de ce voyage à Montmédy si piteusement interrompu à Varennes. Dans la nuit du 20 au 21, le roi, la reine, leurs enfants, toujours suivis de leur fidèle gouvernante, et Mme Elisabeth, s'évadaient des Tuileries et montaient dans un fiacre que conduisait le beau Fersen, l’ancien favori de la reine, le Prince Charmant des descampativos de Versailles. Trois gardes du corps avaient été demandés en guise d'escorte ; mais le roi n'ayant pas voulu mettre le major de la compagnie dans le secret du voyage et réclamant simplement des courriers, on lui donna trois gardes pris au hasard, incapables d'aucune initiative. Le chevalier de Coigny avait conseillé au roi de prendre avec lui des gens du métier habitués aux aventures, lui proposant comme cocher et postillon un commandant de gendarmerie et un ancien maître de postes d'un royalisme incontesté,connaissant à merveille toutes les routes de France, hommes résolus, à La tête froide et à la main prompte. Louis XVI refusa, de crainte de porter ombrage aux gardes du corps. Fersen, avec sa folle bravoure assagie par son amour pour Marie-Antoinette, eût pu rendre des services ; on le fit retourner au bout de quelques heures pour prendre la poste. Mme de Tourzel, sous le nom de la baronne de Korlï, était censée voyager