Variétés révolutionnaires

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route, sans instructions précises, n'osèrent pas tenter un coup décisif. La famille royale reprit la route de Paris à travers les populations soulevées ; c'était un nouvéau voyage du 6 octobre, avec les mêmes humiliations aggravées et de bien plus redoutables périls. Entre Epernay et Dormans, on rencontra Barnave et Pétion, envoyés en mission au devant des fugitifs par l'Assemblée nationale. Les deux représentants montèrent dans la voiture des prisonniers, et Mme Elisabeth, encouragée par la courtoisie du jeune député dauphinois, lui expliqua longuement l'obligation où s'était trouvé le roi de quitter une ville où il n'était plus libre. Quand la princesse, dans un rapide coup d'œil jété en arrière sur les événements de la Révolution, arriva à la fête de la Fédération, où les constituants avaient voulu, suivant elle, montrer à la France la famille royale abaissée et isolée, Barnave, se rappelant l'enthousiasme provoqué chez les fédérés par la vue d'un roi qu'ils croyaient encore sincère, répondit à Mme Elisabeth : « Ah! ne vous plaignez pas de la Fédération ! Nous étions perdus si vous aviez su en profiter. »

IV

Les fugitifs de Varennes furent réintégrés aux Tuileries comme des prisonniers en rupture de ban. Le roi dut prêter le serment à la Constitution que