Variétés révolutionnaires

LA JEUNESSE DU CONVENTIONNEL ROMME 201

devait entrer à l’Académie des sciences. Gilbert fit ses études à Riom chez les oratoriens, à côté du jeune marquis de Soubrany, fils d'une veuve amie de sa mère, qui s'attacha à lui avec une affection plus que fraternelle, abandonnant tout, caste, privilèges, relations mondaines pour le suivre jusqu'à l'échafaud. L'élève des oratoriens de Saint-Amable vécut d'abord à Riom au milieu d'une société de province très instruite, qui l'encourageait à l'étude par ses éloges. Mais, en 1774, l'horizon de Riom lui sembla trop borné. Il se décida à aller chercher fortune à Paris.

C'était sous le règne des Encyclopédistes. Le jeune provincial fut vite en relations avec les hommes les plus illustres du temps, Diderot, d'Alembert, Helvétius, Cabanis, Lalande, se livrant avec passion à l'étude de la médecine et des sciences exactes, dédaigneux de la littérature et, comme il l'avoue dans une lettre à un ami d'enfance, dédaigneux même de l'histoire. « Je déteste l'histoire presque autant que la simple littérature. L'histoire politique, l’histoire des conquêtes, est toujours celle de la cruauté, de l'ambition des hommes de tous les âges. Ne suffit-il pas d'être les tristes et malheureux témoins des choses odieuses qui se passent sous nos yeux, sans chercher à nous repaître des folies des anciens ? À mes yeux, un héros est toujours un fou, et trop souvent un coquin. » N'est-il pas singulier de voir ces étranges paroles prononcées par un de ceux qui devaient écrire et signer de leur sang