Variétés révolutionnaires

LA JEUNESSE DU CONVENTIONNEL ROMME 263

pédiait par ballots toutes les brochures politiques dont Paris était inondé chaque matin. Paul Otcher passa la nuit au Champ de Mars, pour être mieux placé le jour de la Fédération. Il fonda avec Romme le club des Amis de la loi, dont les séances se tinrent à l'hôtel de Grenoble, rue du Bouloi, dans les salons de Théroigne de Méricourt, la « belle Liégeoise », la célèbre beauté que Camille Desmoulins. comparait sans la moindre ironie, un jour qu’elle venæt aux Cordeliers, à « la reine de Saba visitant le Salomon des districts ». L'austère Romme eut toujours pour Théroïgne, ainsi que du reste Sieyès et Pétion, autres gens graves, une affectueuse estime, bien surprenante si, comme disaient les feuilles royalistes, la belle Liégeoise eût été une vulgaire courtisane. Mais il semble que Popo ait nourri pour l’élégante amazone démocratique des sentiments moins éthérés. Ce bel adolescent , retour de Sibérie et du pays des Samoyèdes, n’était pas fait pour déplaire à une jolie fille. En même temps,les deux amis s'étaient aussi affiliés aux jacobins .

Cet enthousiasme débordant du jeune Strogonoff pour la Révolution française, et ses relations amicales avec tous les chefs du mouvement, députés, journalistes ou orateurs des clubs, ne pouvaient laisser son père exempt d'inquiétude. Le comte instruit par des rapports quotidiens de police, voyait son fils devenir un parfait démagogue à qui la Russie serait bientôt fermée si on n’avisait, Le