Variétés révolutionnaires

LE GÉNÉRAL BONAPARTE 281 après cette lettre prudente, le 10 août, il était néanmoins arrêté comme suspect de jacobinisme et emprisonné au fort Carré, près d'Antibes. Mais au bout d'une semaine, Salicetti le faisait mettre en liberté et lui donnait le commandement en chef de l'artillerie du corps de la Méditerranée.

A vingt-six ans, Bonaparte était donc général. Voici comment le jugeait à cette époque un de ses chefs hiérarchiques, Schérer, dans ses notes d'inspection de l'armée d'Italie : « Cet officier a des connaissances réelles, mais un peu trop d'ambition et d'intrigue pour son avancement. » Et le commissaire des guerres de Sucy portait sur lui, dans une lettre à un ami, ce jugement terrible : « Je ne lui connais pas de point d'arrêt autre que le trône ou l'échafaud. »

Le jeune général devint un capitaine incomparable, un chef d'Etat éminent, mais sous l'empereur l'homme resta toujours tel que nous le montrent ses premières années. Issu d'une famille où il n'avait recu des lecons nide sens moral, ni de patriotisme, soldat indiscipliné et factieux, flattant sans mesure les puissants du jour, sauf à les abandonner le lendemain sans pudeur, calomniant le noble pays qui avait accueilli son enfance, impatient de toute autorité, jaloux de toute supériorité, sans opinions, sans scrupules, sans patrie, ne connaissant d'autre règle que son intérêt et son ambition, Napoléon devait tenir, et au-delà tout ce que promettait Bonaparte.

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