Variétés révolutionnaires

282 VARIÉTÉS RÉVOLUTIONNAIRES

IV

Au printemps de 1795, le commandant de l’artillerie de l'expédition maritime de la Méditerranée était envoyé à l’armée de l'Ouest (29 mars). Bonaparte, fidèle à ses habitudes, attendit plus d'un mois avant de quitter le Midi. Il devait aller prendre la direction de l'artillerie en Vendée, sous les ordres de Hoche. Cette mission promettait moins d'honneurs que de fatigues et de périls ; elle plaisait peu au général de vingt-six ans et lui semblait indigne de sa fortune. Ses protecteurs pourtant avaient été pour la plupart emportés l’année précédente par la tourmente de thermidor, et il était dangereux de mettre à l'épreuve la patience de l'impitoyable comité qui, brisant toutes les résistances, avait sauvé la République et repoussé la coalition en suspendant et destituant, du 1* janvier 1792 au 20 janvier 1795, cinq cent onze officiers généraux. En présence de l'ennemi, il n’y avait ni camaraderie, ni droits acquis aux yeux des citoyens chargés de l'administration des armées et de la défense du territoire. Aussi Bonaparte se décida-t-il à partir, quoique à contre-cœur. Il quitta Marseille le 2 mai.

Dès son arrivée à Paris, il demandait un congé sous prétexte de maladie. Sa situation était loin d'être brillante. Il se trouvait plus pauvre q-u