Variétés révolutionnaires

LE GÉNÉRAL BONAPARTE 283 jamais, ayant vendu jusqu'à ses chevaux, ne possédant pour tout bagage que les habits râpés qu'il portait sur le corps, fort en souci sur le compte des siens. Sa mère et ses sœurs vivaient à Marseille d'expédients et d'aventures ; son frère Joseph venait d'être révoqué par l'administration de la guerre. Bonaparte comptant toujours sur un retour aux affaires des jacobins, attendait les événements confiné dans le boudoir de la belle Mme Permon, mère du secrétaire de Salicetti. Le 20 mai, l'échec .de l'insurrection de prairial, en vue de laquelle il s'était peut-être décidé à venir à Paris, avec la pensée d'y jouer un rôle, vint renverser ses dernières espérances. Les conventionnels patriotes furent arrêtés et envoyés à l'échafaud. Cette catastrophe achevait de compromettre l’ancienne créature des Robespierre aux yeux des maitres du jour.

Le 13 juin, Aubry et le nouveau comité de Salut public, en vertu des dispositions réglementaires de Dubois-Crancé sur le tiercement des officiers généraux, faisaient passer Bonaparte dans l’infanterie et l'envoyaient dans l'Ouest à ce nouveau titre. Le coup était rude. Bonaparte, grâce à un certificat de complaisance donné par un médecin de ses amis, obtint encore un congé d'un mois. Pour passer le temps et se procurer quelques ressources, il se mit, de concert avec Bourienne, à spéculer sur l'achat des biens d’émigrés. C'est aussi pendant ce congé qu'il découvrit un nouveau protecteur, son compagnon d'armes de Toulon,