Vergniaud : 1753-1793
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se trouvent donc placées face à face, prêtes à se heurter, front contre front. Et c'est ainsi que, le 20 juin, jour anniversaire du serment du Jeu-de-Paume, les bandes de Legendre, de Santerre, de Saint-Hurugue, descendent des faubourgs, défilent devant l’Assemblée et se rendent aux Tuileries. Vergniaud accourt, harangue cette foule tumultueuse, exigeant le retour des ministres girondins et le consentement aux décrets de l'Assemblée; mais sa voix est impuissante. Pendant trois heures, heures d’épouvante pour la famille royale, le palais est envahi, fouillé de toutes parts, les serviteurs conspués, la reine interpellée, le roi outragé, menacé, et le peuple ayant satisfait sa curiosité et assouvi sa colère, ne cède qu'à la lassitude. Certes, Louis XVI avait montré un grand courage; mais la couronne, un instant remplacée sur sa tête par le bonnet phrygien, avait été avilie, et malgré la protestation de Lafayette et les nombreusesadhésions des Directoires de département, une nouvelle secousse suffira à faire crouler le trône.
Cette secousse, c’est Vergniaud qui va bientôt la donner à la suite des plus affligeantes nouvelles se succédant avec acharnement, et venant fortifier l’idée cruelle et déjà trop ancienne de trahison.
À Ratisbonne, le conseil des ambassadeurs avait refusé d'admettre le ministre de France ; l'Angleterre préparait un armement ; le duc de Bade avait mis les Autrichiens dans Khel etonallait leur livrer Strasbourg: l’Alsace demandait vainement des armes ; le commandant de l'artillerie du Rhin avait déserté, et le vieux Luckner n'avait en Flandre que quarante mille hommes à opposer à deux cent mille qui arrivaient.
A l'intérieur, les lois de l’Assemblée n'étaient pas expédiées; le département des Bouches-du-Rhône