Vergniaud : 1753-1793

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votre nom sur la liberté, mais vous ne recueillerez point le fruit de ces indignes triomphes. Vous n'êtes plus rien pour cette Constitution que vous avez si indignement violée, pour ce peuple que vous avez si lâchement trahi... »

L'effet de ce discours, un des plus beaux que Vergniaud ait prononcés, fut immense et l’entraînement général : seul, le roi n’entendit pas ce suprême appel de la patrie menacée et demeura inébranlable dans ses convictions obstinées.

Cependant les fédérés étaient arrivés de toutes parts, le décret portant que la patrie était en danger avait été proclamé, et un trouble gros de menaces, régnait dans Paris, lorsque fut connu le manifeste du duc de Brunswick, général de la coalition. On y annonçait une guerre étrange, nouvelle, toute contraire aux droits des nations policées. Tout Français était coupable, et Paris devait redouter des sévérités terribles. Alors, le 10 août, Pétion n’hésitant plus demanda, au nom de toutes les sections, la déchéance duroi, et le peuple, représenté cette fois par des gardes nationales que précédaient les Marseillais de Barbaroux, reprit terrible le chemin des Tuileries. Sans se mettre ouvertement à la tête des Suisses qui défendaient son palais et en se bornant à rester au milieu d'eux, le roi peut-être eût pu repousser les assaillants; mais il ne le voulut pas, et après avoir hésité pendant quelques minutes, les dernières et les plus solennelles de la monarchie, il préféra se mettre sous la protection des représentants de la nation.

Etrange fatalité! Celui qui l'avait si souvent et si vainement averti, conseillé, menacé même, présidait