Vergniaud : 1753-1793

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Aujourd’hui, vous pouvez déclarer comme un principe d’éternelle vérité que la promesse d'inviolabilité faite par le peuple ne fut point obligatoire pour le peuple; mais au peuple seul il appartient de déclarer qu'il ne veut pas tenir sa promesse. Vous pouvez déclarer comme un principe d’éternelle vérité que le peuple ne peut jamais renoncer valablement au droit de punir un oppresseur, mais au peuple seul il appartient de déclarer qu’il veut user d’un droit terrible auquel il avait renoncé. Vous n'êtes pas dans une hypothèse ordinaire : ici le vœu de la volonté générale s’est manifesté ; elle s’est déclarée pour l'inviolabilité. Exprimez un vœu contraire si le salut public vous semble le commander; mais n’entreprenez de substituer ce vœu particulier à la volonté générale, déjà connue, que lorsque celle-ci aura donné son consentement. Autrement, vous usurpez la souveraineté, vous vous rendez coupables d’un des crimes dont vous voulez punir Louis... »

Puis se tournant vers Robespierre : « On a représenté ceux qui ont adopté l’opinion de Salles comme des amis de la royauté..., on nous accuse; certes je n'en suis pas étonné; il est des hommes dont, par leur essence, chaque souffle est une imposture, comme il est de la nature du serpent de n'exister que pour la distillation du venin. Ah, si nous avions l’insolent orgueil ou l’hypocrite ambition de nos accusateurs, nous dirions que le 10 août nous n’avons quitté le fauteuil que pour venir à cette tribune proposer ce décret de suspension de Louis, tandis que tous ces vaillants Brutus, si prêts à égorger les tyrans désarmés, ensevelissaient leurs frayeurs dans un souterrain et y attendaient l'issue du combat que la liberté livrait au despotisme..…, »