Vergniaud : 1753-1793

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François, l’un des biographes de Vergniaud, devait plus tard donner à cette industrie un grand développement et mériter la reconnaissance générale pour le bien que, par son savoir, son intelligence et son dévouement, il a fait à sa ville natale.

Vergniaud n’a cessé de correspondre avec les membres de sa famille, et ses lettres, pleines de charme, où l'esprit pétille, où la bonté, la tendresse pour les siens, la modestie la plus rare se montrent à chaque ligne, ont été en partie conservées. L'une des plus anciennes, adressée à sa sœur, débute ainsi : « Enfin, ma chère sœur, voilà de mes nouvelles, toujours paresseux comme à mon ordinaire, mais la paresse n'empêche pas d'aimer et je n’ai pas moins pour toi les sentiments d’un bon frère... Je suis toujours à l'espérance, c’est furieusement long et l’on voit bien que je ne suis pas heureux. »

M. Dailly lui procura, il est vrai, une place dans les bureaux des vingtièmes ; mais il ne put s’astreindre à ce travail matériel et continua son existence oisive. Aussi écrivait-il plus tard : «Je suis accablé par une mélancolie qni m'ôte l'usage de mes facultés. J'ai beau faire mes efforts pour la cacher aux yeux de ceux que je vois, elle reste toujours. Je ris par convulsion et mon cœur partage rarement la fausse joie qui se peint sur ma figure. »

Cette mélancolie, qui ne l'a jamais quitté, qu'il devait, comme un pesant fardeau, porter sans cesse avec lui, nous apparaît comme un pressentiment mystérieux de la fin tragique vers laquelle il marchait si rapidement.

Poussé par la nécessité, il songea, de nouveau, à l’état ecclésiastique ; mais avant de prendre une détermination, il revint à Limoges, où son beau-frère,