Vergniaud : 1753-1793
0) ébloui par sa conversation, par la grâce et la force de son langage, lui conseilla d'entrer au barreau. Le choix de la résidence ne fut pas long. N'ayant point oublié la bienveillance de M. Dupaty, il arriva à Bordeaux le 21 avril 1780, et se mit résolûment au travail. Comme il avait déjà vingt-sept ans, il fut dispensé de suivre les cours pendant trois années, et bachelier le 14 mai 1781, licencié le 17 août, il débuta au mois d'avril suivant.
Que de soucis et de privations dans cet intervalle ! Certes, M. Dupaty ne l’oublie pas et l’a pris pour secrétaire, mais avec des appointements insuffisants, 400 livres pour l’année. Aussi Vergniaud s'adresse à son beau-frère, et celui-ci lui ayant reproché de n’avoir pas cherché une place de clerc chez quelque avocat distingué, M. Dupaty répond lui-même en disant : «Je dois à la verité, Monsieur, et à l'avantage de M. Vergniaud, à qui vos bontés sont non-seulement utiles, mais nécessaires de vous attester que c’est moi qui l'ai détourné de suivre la carrière que vous luiaviez conseillée...., j'ai jeté votre beau-frère dans une route qui le conduit plus vite au but, aux connaissances et à la fortune... Il ne faudra plus que du temps, un Jour il fera honneur à sa famille, n’en doutez pas. »
La prophétie se réalisa promptement. Deux affaires très douteuses avaient été confiées au jeune avocat; il les plaide, gagne l’une d'elles et s’empresse d'annoncer la bonne nouvelle à M. Alluaud : « J’ai fait ce que j'ai pu et je puis me flatier que ces deux deux petites affaires m'ont fait une petite réputation. C’est à vous seul que je dis cela parce que je vous dois compte de mes succès puisque vous m'avez mis à même d’en avoir. »
Vergniaud n’est pas ingrat et sait délicatement exprimer sa reconnaissance.