Vergniaud : 1753-1793

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Peu à peu, les affaires deviennent plus nombreuses, plus importantes et les plaidoiries sont précédées de mémoires dont quelques-uns ont été conservés. L’exposé des faits est toujours précédé de considérations générales destinées à appeler l'attention du lecteur et entraîner son esprit dans un courantd’idées déterminé. Cet exorde est pompeux : les images,les comparaisons, lessouvenirs del’antiquitése rencontrent à chaque pas. C’est la mode du temps, et plus qu'un autre peut-être Vergniaud est disposé à la suivre, car elle lui permet d'utiliser, avec sa merveilleuse mémoire, ses connaissances si étendues en histoire et en littérature. Mais s’il tombe jamais dans l’exagération, ce ne sera qu'à bon escient. « Vous trouverez peut-être par-ci parlà, écrit-il spirituellement au sujet de l'un de ses mémoires, quelques-uns de ces grands mots que vous n'aimez pas trop; mais j'ai remarqué que c'était le goût de mon client et je lai servi à fantaisie. »

La discussion est particulièrement remarquable : la phrase est rapide, nerveuse, les arguments se pressent, et on devine déjà le dialecticien puissant qui bientôt, au milieu des plus grands périls et des plus grandes catastrophes, subjuguera l’Assemblée législative et fera hésiter la Convention.

Enfin, la conclusion ou la péroraison (car ces mémoires sont dans un ordre parfait et la division académique est scrupuleusement suivie) ramène un style fleuri, un peu ampoulé, où on retrouve fréquemment la répétition que Vergniaud affectionne et dont il tire toujours de merveilleux effets.

Le premier de ces mémoires est fait sur appel d'une sentence du sénéchal de Limoges qui avait acquitté une femme de Laurière, accusée d’infanticide. Vergniaud obtint une confirmation et l'annonçant à sa