Vergniaud : 1753-1793
EE
courut aux Jacobins, d'où une députation vint demander à l’Assemblée de décréter qu’au troisième jour, le jury pouvait se dire éclairé et fermer les débats. Et la majorité, affolée, vota cet odieux décret dont la minute a été retrouvée, écrite de la main de Robespierre. Enfin les jurés, s’empressant d'user de ce droit inique, déclarèrent la cause entendue, et rendirent l'impitoyable verdict. Tout à coup, au milieu des cris et des imprécations, Valazé s'affaissa. « Que fais-tu donc, lui dit Gensonné, as-tu peur?— Je meurs », répondit le Girondin qui venait de se poignarder.
« Le lendemain matin, tout Paris est dans les rues, jamais on ne vitune telle foule ; les chariots de la mort, le cadavre froid de Valazé étendu au milieu des Vingtet-un encore vivants,roulentle long desrues.Tête nue, les mains liées, en manches de chemises, l’habit jeté négligemment autour du cou, ainsi sont traités les éloquents de France; on pousse des murmures contre eux et des huées. Aux cris de : Vive la République, quelques-uns d’entr’eux répondent par le même cri. Au pied de l'échafaud, ils font entendre l'hymne de la Marseillaise. Ceux qui vivent encore continuent à chanter ; le chant s’affaiblit rapidement..…, le chant a cessé... La tête sans vie de Valazé est tranchée; la faux de la guillotine a moissonné tous les Girondins ; l'éloquence, la jeunesse, la beauté et la bravoure. O mort, quelle fête dans tes salles ténébreuses (1). »
« Quand la voix grave et sainte de Vergniaud chanta la dernière, dit Michelet, on eût cru entendre la voix défaillante de la République et de la loi mortellement atteintes et qui devaient survivre peu. »
(4) Thomas CarLvre, Histoire de la Révolution française.