Vergniaud : 1753-1793

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Le grand orateur avait quarante ans; il marcha à la mort avec une indifférence, une sérénité qui étonnèrent ses assassins, et sous la terre du cimetière de la Madeleine disparurent en même temps les corps mutilés des’Girondins et la liberté.

J'ai fin, Messieurs; vous n'attendez pas de moi, après cette trop longue étude, un jugement d'ensemble sur le génie de Vergniaud; vous ne me le pardonneriez pas. Le chef de la Gironde pouvait juger Mirabeau : un orateur de race pourrait seul, à son tour, apprécier l’éloquence de notre illustre compatriote. Ce que j'ai voulu simplement, c’est, ainsi que je l’ai dit, retracer sa vie en vous montrant tour à tour l'écrivain délicat et charmant, le puissant avocat qui, par sa brillanteimagination, ses peintures saisissantes et sa dialectique inflexible est, en quelques années, parvenu au premier rang d'un des grands barreaux de France, le courageux législateur enfin qui, dans le temps le plus troublé de notre histoire, a voulu, sublime illusion, consommer la Révolution par l'amour, n’a jamais faibli devant aucun danger et a toujours mis son incomparable parole au service du devoir, de la justice, de la liberté et de la patrie.

Le 24 février 1853, M. le Procureur général Lezaud, nouvellement nommé à la Cour de Nancy, disait dans son discours d'installation : « Permettezmoi, Messieurs, de regretter la Cour de Limoges comme le fils regrette la famille, comme l'ami regrette le toit protecteur de l’amitié. »

Ces paroles n'exprimaient pas seulement des sentiments empreints, comme il arrive quelquefois, de banalité, elles partaient du plus profond du cœur