Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...
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Il est un autre savant dont nous rencontrons à ce moment le nom dans les papiers de Butré, c’est le célèbre naturalisté Lamarck; la lecture de son Annuaire météorologique a poussé notre solitaire à lui écrire, pour discuter avec lui plusieurs points de chimie et pour le convertir à la science hermétique, ce qui fut sans doute peine perdue *. Nous rencontrons aussi Faujas-Saint-Fonds qui, se rappelant son interlocuteur de Carlsruhe, lui adresse quelques lignes de verbiage sentimental, en lui recommandant un ami qui va partir?. Mais le plus marquant dans l’histoire, de tous les personnages auxquels Butré fait parvenir des épitres pendant le cours de l’année 1800, c’est le héros du dix-huit brumaire, le général Bonaparte. Le citoyen premier consul a dû faire une bien dédaigneuse figure en recevant la lettre qu’on va lire; elle n’était pas faite pour le réconcilier avec les « idéologues », malgré l'admiration sincère qu’en respirait chaque ligne. Butré, en effet, comme tant d’autres à ce moment, saluait en lui le dompteur de « cette malheureuse révolution, qui est venu ruiner toutes les honnêtes gens et enrichir tous les fripons.® »
« Au citoyen premier consul, « Citoyen, depuis un an je diffère et désire pouvoir vous témoigner toute ma reconnaissance de ce que vous avez quitté
l'Almanach du Bas-Rhin pour 1792, parmi les « maîtres d'écriture allemande », un nommé Thaler, demeurant au quartier des Bouchers.
* Lettre au citoyen Lamarck, 18 février 1800.
* Lettre du 5 frimaire, an IX (26 novembre 1800). Nous ne mentionnerions pas ce billet si l'adresse : « Au citoyen Butret, philosophe, à Paris », ne nous avait fait croire un instant à un dernier voyage du vieillard à la capitale. Mais rien ne nous autorise à voir là autre chose qu’un ZJapsus du professeur au Jardin-des-Plantes; les comptes de Butré pour 1800 ne portent pas trace d’un pareil voyage.
* Fragment d’une lettre à un inconnu, 1800. Tout récemment encore on à pu lire dans les Souvenirs du feu duc de Broglie, l’un des plus libéraux parmi les esprits de son temps, que « le 18 brumaire fut une délivrance » (I, p. 32).