Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

XIV

Voilà donc Butré revenu dans son garni près des GrandsCapucins, plus morose et souffrant que jamais. Il n’a plus de revenus ; il ne peut plus guère travailler et, de plus, il a des dettes, comme le prouve ce billet, signé d’un prénom seulement, que nous trouvons parmi ses dernières correspondances :

« Mon cher ami,

« Je suis fort sensible aux malheurs que vous avez éprouvés et que vos maladies vous causent tous les jours. Je ne veux nullement que vous vendiez de vos effets mais, si vous préférez, remettez-moi un billet pour cent livres, qui sera échu après votre mort et M. Hecht le père’ me sera témoin que je ne vous demanderai rien de plus. Je vous salue de cœur.

« BARBE. »

Dans ce naufrage absolu, le malheureux qui voit arriver en même temps le dénuement complet et l’extrême vieillesse, revient une dernière fois vers les beaux jours de son âge mûr, alors qu’il a été le compagnon d'études et le conseiller d’un souverain respectable. Il se décide à implorer une fois de plus l'appui charitable de Charles-Frédérie, et de le faire en termes assez humbles et modestes pour qu’on ne soit pas tenté de repousser cette fois le quémandeur aux aboiïs. C’est au printemps de l’année 1803 qu'il faut rapporter sans doute la supplique que voici:

« Le sieur Butré ayant fait pendant seize ans au service de Mer le margrave des travaux considérables, est parti en

1 Il s’agit probablement de M. Hecht, pharmacien, place de la Cathédrale, chez lequel Butré, comme beaucoup de ses contemporains, achetait sa provision de chocolat, ainsi qu’il l’a raconté plus haut dans une de ses lettres.