Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...
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9bre (septembre) 1792 avec un passeport, pour aller à Paris, chercher dans les pépinières de Vitry 800 arbres qui lui manquaient pour finir les plantations qu'il avait déjà faites à Ettlingen, comptant revenir au bout de deux mois, les évènements survenus l’en ayant empêché et surtout lui ayant été mandé par M. le baron d’Edelsheïm de ne pas retourner à cause des suppositions absolument fausses, à lui imputées, auxquelles il est certainement incapable d’avoir jamais pensé.
« Enfin revenu en avril 1797, il comptait reprendre lés dernières fonctions qu’il avait exercées pendant cinq ans, aux plantations d’Ettlingen, qu'il avait tant à cœur, que la dernière année qu’il y à été, en 1792, il a donné 2000 fl. pour la construction des deux murs qui enclosent le jardin fruitier et ontété bâtis cet été là, ce qui prouve bien qu’il comptait y passer le reste de ses jours et les finir en plantant des arbres utiles.
« De retour donc aussitôt qu’il a été possible, il a été vivement pénétré de trouver sa belle plantation dans un aussi déplorable état de périssement et bien étonné de ce, qu'ayant laissé pour au moins six mille livres d'effets, tant à Carlsrouhe qu'à Ettlingen, il lui en avait été pillé la moitié et vendu une grande partie, du reste presque pour rien; mais ce qui lui a été le plus sensible, c’est de voir que loin d'accueillir son zêle, on en a refusé tous les effets et preuves, qu’il n'avait d'autre désir que d'effectuer. Aujourd’hui n’ayant plus aucuns revenus, il demande en suppliant de quoi vivoter. Seize ans de travaux, pour lesquels on lui avait promis une pension pour le reste de ses jours, les avances faites pour les jardins et le mobilier considérable perdu à Ettlingen et Carlsrouhe, sont les motifs qui l'y engagent. Mais il ne fonde point cette demande sur de tels titres, il ne la fait que comme une grâce qu’on voudra bien lui accorder, pour lui donner les moyens de subsister à 77 ans, rempli toujours du zèle le plus ardent pour tout ce qui pourrait être utile et avantageux au digne prince qui mérite à si juste titre tout son respect et son attachement. »