Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...
aux lois qu’il dictera. En même temps, il a fait venir son fils et lui a fait faire la même promesse. . .
«Je le vis hier au soir, ce digne et juste prince, et il me témoigna la même chose qu’au cher baron, en me disant qu'il n'y avait qu’à faire le compte, et que s’il ne lui revenait rien, il ne demandait rien; et il ajouta qu’il aimait mieux ne manger qu'un morceau de pain que d’avoir rien qui ne fût à lui, qu'il saurait se borner et qu'il faudrait bien que les autres en fissent autant. . . .. Pour diriger le travail de la restauration, il a nommé une commission, composée de M. le baron d’Edelsheim, du président de la Chambre des finances et de moi. »
On à pu voir par ces extraits, que nous avons accumulés à dessein, quelle était l’activité de Butré dans les premières années qui suivirent son arrivée à Carlsruhe, et avec quel vif intérêt le souverain s’intéressait à ses spéculations humanitaires. Les moyens employés pour arriver au but étaient nous l’avons déjà dit — impraticables et, loin d'assurer la prospérité de ceux qu’on voulait soulager, auraient à la longue consommé leur ruine. Mais il n’en est pas moins touchant de voir un bon prince travailler avec ce zèle un peu naïf et cette bonne foi enthousiaste, au bonheur de ses sujets; cela vous repose un peu des Louis XV et des Catherine IL et l’on est tout prêt à répéter l’éloge que Mirabeau, Butré, Dupont de Nemours faisaient à l’envi de ce physiocrate couronné d’outreRhin. Ce qu’il y a de plus curieux, c’est que la margravine ellemême ne voulut pas rester en arrière dans ces études, tant soit peu abstruses cependant, et demanda des leçons à notre initiateur. « Mve la margravine, écrit-il à Mirabeau, vers la fin de 1777, me fit hier de grands remerciments sur une chose qui vous fera bien plaisir. Elle m'avait demandé un modèle de comptes pour la recette et dépense de la ferme qu’elle vient d'établir ; qu’elle ne voulait plus de leurs gros livres, qui lui avaient tant cassé la tête, sans y pouvoir jamais rien com-