Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale
LES COLONIES L 3
lande, l'Espagne et le Portugal n'ont pas plus que l'Angleterre abandonné leurs anciens intérêts. Et, chez tous, la préoccupalion coloniale est plus grande; l'habitude est prise de nouer des intrigues en pays lointains, la nécessité est sentie de posséder en propre des marchés d'écoulement ou d'approvisionnement. Un seul fait met en relief la déchéance relative de la France : le marché des sucres de canne et des cafés n’est plus à Marseille, Nantes et Le Havre, mais à Anvers, Hambourg et Londres.
Il ne parait donc pas exagéré de dire que le domaine colonial de 1789 élait supérieur à celui d'aujourd'hui en valeur internationale. Il l'égalait au moins en valeur intrinsèque. Dans les 4 millions de kilomètres carrés dont nous nous enorgucillissons, combien est-il de terres incultes, sinon incultivables? Aux colonies anciennes, Martinique, Guadeloupe et Réunion, que peut-on ajouter, comme terres de rapport, avec le Tell algérien et tunisien, une partie de la Cochinchine, du Tonkin et de la Nouvelle-Calédonie, qui, ensemble, compensent à peine Saint-Domingue? Les colonies en 1789, après un siècle et demi d'exploitation, étaient en pleine prospérité ; des générations de colons ÿ avaient employé d'énormes capitaux et approprié des cultures d’un profit considérable. Au dire d'un contemporain !, l'ensemble représentait une valeur d’au moins 3 milliards.
1. Mosneron de Launay, armateur de Nantes : Disc. au Club
des Jacobins, 26 février 1790 (ap. Aulard, le Club des Jacobins, I, 9).