Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan
44 « rable des erreurs, qu'ils soient abandonnés par vous «et par nous, qu'ils courent à leur perte. »
L'amendement fut repoussé.
Cependant le retentissement de ces luttes parlementaires se prolongeait jusque dans la rue. Au sortir de la Chambre, les députés de l’opposition étaient applaudis par la foule aux cris de vive La charte ! Des bandes de jeunes royalistes se jetaient sur ceux qui poussaient ces cris, et des rixes sanglantes avaient lieu. Ces scènes prenaient chaque jour un caractère plus grave. Le ÿ juin 1820, Jordan monte à la tribune (1) : « Mes« sieurs, s'écrie-t-il, avant de délibérer, il est nécessaire « de s'assurer si l'Assemblée est libre. Après plus de « vingt ans, je vois se renouveler les scènes qui précé« dèrent le 18 fructidor. Mais les hommes chargés de « nous insulter à cette époque conservaient encore « quelque retenue. Aujourd’hui, les voies de fait se joi« gnent à l'insulte. Je demande que toute délibération « soit suspendue jusqu'à ce que les ministres aient « donné des explications suffisantes sur les mesures « prises pour réprimer ces excès. »
Ainsi, peu à peu, les dissentiments s'étaient envenimés ; la scission dont les conséquences devaient être si funestes pour le pays s'était consommée. Le gouvernement crut nécessaire de retirer à Camille Jordan les fonctions de conseiller d'Etat.
J'ai multiplié à dessein, Messieurs; les citations, afin
(1) Vaulabelle, tome V, p. 148.