Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan
46 à l’occasion de la discussion d’une adresse au roi, et il dictait un discours important sur un projet de loi relatif au budget du clergé, lorsqu'il s'éteignit au milieu des siens, le 19 mai 1821.
Messieurs, en vous retraçant la vie de Camille Jordan, je me suis efforcé de mettre en relief ce quienest, à mon sens, le trait dominant et la maïîtresse vertu. Il a possédé au plus haut degré une qualité trop rare dans notre pays, l'esprit de résistance modérée. ’
Sous la Révolution, alors que la terreur écrasait toutes les âmes et que la France en était réduite à la honte de tout supporter, il fut du petit nombre de ceux qui eurent l'énergie de résister : son courage fut puni de l'exil et de la proscription.
Sous le Consulat, alors que la France acclamait avec frénésie le jeune héros qui lui avait rendu l’ordre et donné la victoire, il osa protester contre ce qu'il y avait d'irréfléchi dans cet entraînement et réclamer des garanties nécessaires. Pour prix de cette revendication téméraire, il se vit exclu de la vie publique et condamné au repos.
Sous la Restauration, alors qu’un prince auquel il était toujours resté fidèle introduisait chez nous le régime politique qu'il avait toujours désiré, alors quil étaic associé au pouvoir par les plus hautes fonctions, dès qu'il vit le gouvernement, effrayé par un grand crime, se jeter dans une réaction qui lui parut exagérée, il se sépara de lui et se résigna à le combattre. Cette opposition fut assurément celle qui lui coûta le plus, car elle l’obligea