Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan
47 à s'unir aux adversaires de la royauté et à renoncer à de vieilles et précieuses amitiés (1).
Dans toutes ces occasions, qu'elle s'adressât au roi, au premier Consul ou à la Convention, sa résistance ne fut jamais empreinte de violence ni d'exagération. À ces gouvernements divers, il réclama toujours une seule et même chose : l'ordre et la liberte.
Il a été un des fondateurs vénérés de l'école vraiment libérale qui s’est illustrée sous la Restauration. Ces généreux esprits qui avaient traversé la Révolution et l'Empire, en protestant contre toutes les tyrannies et toutes les dictatures que la France avait successivement subies, estimaient encore assez leur pays pour le croire digne de la liberté. Pour eux, l'ordre et la liberté étaient inséparables. Ils voulaient les consolider l'un par l'autre. Ils pensaient que ni l’un ni l'autre ne sauraient être durables dans un pays où la foi religieuse n'existe plus, parce que la religion est le seul frein des âmes, et que, quand l'anarchie est dans les âmes, le désordre est partout. Mais ils voulaient que la politique et la religion restassent chacune dans leur domaine, parce qu’elles se nuisent l’une à l’autre quand on veut les confondre. Ils étaient convaincus que quand un peuple a une histoire, ses institutions ne sauraient être durables qu'à condition d’avoir leurs racines dans le passé, et que l'ordre et la liberté ne seraient solidement fondés chez nous que par la réconciliation sincère et définitive de cette grande
(1) Celle notamment de Mathieu de Montmorency.