Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan

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race royale et de ce grand pays qui avaient tant souffert depuis qu'ils s'étaient séparés; mais ils n’admettaient pas que cette réconciliation püt être sérieuse sans la consécration des droits trop longtemps oubliés, que la nation avait reconquis et dont la reconnaissance apporterait, même à la royauté, une force nouvelle. Ils n’ont épargné ni leur talent, ni leur vie, pour assurer le triomphe de leurs doctrines. Ils ont échoué. L'histoire dira s'ils s'étaient trompés. Mais quel que soit le jugement qu'on peut porter sur leurs idées, il est impossible de méconnaître que leur vie a été dominée par Les passions les plus nobles, les plus désintéressées, et les hommes de bien de tous les partis seront toujours unanimes pour honorer la mémoire de ces grands serviteurs du pays.

Messieurs,

La mort a frappé, cette année, deux membres de la Cour : M. le Président Debrix et M. le Conseiller Durand.

Dans sa jeunesse, M. Debrix s'était destiné à l'enseignement du droit. En 1831, à peine docteur depuis un an, il concourait à Caen contre M. Demolombe. Avec un tel adversaire, un échec même pouvait être honorable. Il le fut tellement que, sur la recommandation de ses juges, M. Debrix devint Procureur du roi à Argentan. Dix ans après, il fut nommé Avocat général à Alger. Il s'y trouvait lors de la Révolution de 1848, et, pendant