Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

LA POLITIQUE DE DANTON. 179

non pour aller au Rhin, — c’est la guerre éternelle, mais afin de dicter la paix, paix sans conquêtes, ete.

« ETOUFFER L'ESPRIT DE PROPAGANDE.

« Expulsion sévère de tous les étrangers.

« Un gouvernement fort, stable... (1) »

Il ne nous semble guère possible d'établir un fait historique beaucoup plus solidement que celui-ci.

Mais alors vient se poser une question encore plus délicate.

Est-ce sous la pression seule des faits, d’après l’enseignement que les événements mêmes fournirent à son génie, que Danton abandonna le parti de la guerre pour s’en tenir, comme but politique, au maintien de la paix ; ou bien cette évolution est-elle due à quelque influence étrangère, à celle de Talleyrand, par exemple ?

Un passage de l’éloge académique du célèbre diplomate, prononcé par M. Mignet, que nous avons déjà appelé en témoignage dans le cours de ce travail, semblerait l’indiquer :

« Revenu à Paris peu de temps avant Le 40 août, dit lillustre historien, il (Talleyrand) fut témoin de Ja chute du trône. Cette catastrophe et ses terribles suites lui inspirèrent le désir de retourner promptement à Londres. Quoiqu'il n’y fût alors chargé d'aucune foncUon (2), voulant encore être utile à la cause de la Révolution, il adressa à la nouvelle République, sur la conduite qu’elle devait tenir au dehors, des conseils

(1) Papiers trouvés chez Robespierre.

(2) M. Mignet commet iei, croyons-nous, une erreur (V. notre chap. Ier, Danton en Angleterre), le diplomate, en retournant à son poste à ce moment, était, au contraire, confirmé dans sa mission par le conseil Exécutif et devait plus que jamais poursuivre l'alliance nationale entre la Grande-Bretagne et la France. .

Encore, d'après la Biographie de tous les ministres (1825), ce ne serait pas Talleyrand seul qui aurait eu, en ces jours difficiles, de la préoccupation pour sa sécurité. On lit en effet dans cet ouvrage, à propos de son renvoi à Londres : « On prétendit alors que cette seconde mission lui avait été accordée sur la demande d'un des membres les plus marquants de ce conseil (Danton), pour le soustraire aux dangers qui le menaçaient en France. Effectivez ment, il est probable que s’il fût rentré à cette époque, il n’eût pas