Garat 1762-1823
GARAT. 333
dinaires triomphes passés, au lieu de charmer sa vieillesse, était au contraire pour lui un tourment et un chagrin de tous les instants. I ne pouvait se décider à survivre à ses succès. Par tous les moyens possibles, il cherchait à se faire illusion et continuait à s'occuper de musique, comme en témoigne sa réponse à un ami qui le questionnait à cet égard et lui demandait sil essayait encore de chanter quelquefois
« Non, répliqua-t-il, cela m'est impossible, mais ma mémoire chante en silence et je n'ai jamais mieux chanté‘. »
Le chagrin que lui causa son irrémédiable décadence l’assombrit et le rendit quelque peu misanthrope et morose. Eut-il le pressentiment de sa fin, fut-ce plutôt l'inquiétude de se voir vieillir et décliner petit à petit, qui lui fit répondre à un autre ami qui lui annonçait son prochain voyage dans le midi de la France : « Et moi aussi, je vais partir pour un voyage, mais bien long, bien long *.…. »
Tout d'un coup, sans transition, Garat était
1. Notice sur Garat (Revue encyclopédique, ouv. cit.) 2. Biographie Michaud, Supplément.