Garat 1762-1823
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passé de l’apparence d’un jeune homme à celle d'un vieillard arrivé au terme de sa carrière. Après avoir lutté autant qu'il le lui avait été possible, il avait bien fallu se rendre et paraître ce qu'il était en réalité, un vieillard’. Il marchait lentement et difficilement, d’un pas mou et incertain. Malgré cet état de décrépitude et de délabrement, exaspéré de ne pas être remarqué, de passer inaperçu, quand il eut toujours souhaité, comme dans les beaux temps de sa gloire, entendre de toutes parts dire autour de lui : « Voilà Garat! le voilà! » rappelant ce qu'il lui restait de cette verve méridionale et de cette vivacité gasconne qui avaient été pour beaucoup dans ses triomphes d'antan, il essayait d'attirer l’attention sur lui par les moyens les plus extraordinaires et les plus mesquins : l’étrangeté de sa tournure, la stupéfiante couleur de ses vêtements.
Voici une anecdote qui en dit long à cet égard. Dans une de ses dernières sorties, l’année qui précéda sa mort, il se promenait par une
belle matinée de printemps avec Jal l'histo-
1. Jal, Dictionnaire crilique de biographie et d'histoire, ouv. cit.