Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
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le Pape etle bourreau pour bases”. À son tour, le vicomte de Bonald s’efforçca de prouver que, de même que la monarchie était le meilleur fondement de la liberté politique, ainsi le catholicisme était seul capable d'organiser la vraie liberté de conscience *. Enfin, Chateaubriand après avoir, dans son écrit de jeunesse (Æssai sur les Révolutions, Londres, 1797), signalé les défauts de l'esprit clérical et blâmé la révocation de l'Édit de Nantes, en était venu à faire, dans son Génie du christinnisme (1802), l'apologie la plus poétique des sacrements et fêtes catholiques et à épouser, dans sa Monarchie sélon la charte (1816), la haine des émigrés contre les libertés modernes. Mais 1l n’avait pas encore dit son dernier mot”.
$ 2. — Les dix prélats* de la Petite Église, qui avaient pour chef le grand aumônier Talleyrand et dont on peut dire en vérité qu'ils n'avaient rien oublié ni rien appris, avaient le programme suivant: abolir la Convention de 18o1 et surtout les Articles organiques et prendre pour règle des rapports de l'État et de l’Église le Concordat de 1516 ; rendre au clergé séculier tous ses droits et privilèges d’autrefois; abolir le divorce et refaire au clergé une fortune indépendante, soit par une dotation en bien-fonds, soit par une rente perpétuelle ; laisser à toutes les congrégations monastiques d'hommes et de femmes le droit de se reconstituer et de recevoir des donations immobilières ; détruire l’Université créée par Bonaparte, ou, du moins, la soumettre au contrôle de l'Église et donner au clergé pleine liberté d'enseignement à tous les degrés. En résumé, la « Petite Église » ne réclamait la liberté que pour
1. V.J. ne Masrre. Considérations sur la France (1796), du Pape (1819).
2. De Boxarn. Théorie du pouvoir politique et religieux dans la société civile (1796).
3. V. sur l’évolution religieuse de Chateaubriand l’article de Paul Albert dans l'Encyclopédie des sciences religieuses de F. Lichtenberger, t. IIT,) p. gr.
4. C’étaient : Talleyrand-Perigord, archevêque de Reims; la Fare, évêque de Nancy; Bonac, évêque d'Agen ; Chelleau, évèque de Chälonsur-Saône; Coucy, évèque de la Rochelle ; la Tour, évèque de Moulins ; Villedieu, évèque de Digne; Amelot, évêque de Vannes; Thémines, évêque de Blois; Vintimille, évêque de Carcassonne.