Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
78 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE
On attribue à lPabbé. L. Guidi' deux opuscules intitulés : « Dialogue entre un évéque de l'Assemblée du clergé et un curé de Paris sur le mariage des Protestants » (1755) et « Dialogue entre un Président du Parlement, un conseiller d'État et le curé de Saint-X.….. tants (1778). I y louait les Réformés de refuser de prendre les
sur l’état civil des Protes-
sacrements catholiques, pour obéir à leur conscience et concluait : « Un protestant consciencieux, disait-il, ne vaut-il pas mieux qu'un catholique sans conscience? »
Ce fut ME d'Arles, président du Comité ecclésiastique de l’Assemblée du elergé de 1780, qui, dans son rapport, sonna pour la dernière fois la cloche d'alarme contre ce « fléau de la tolérance ». Il commençait par signaler la progression effrayante dans les entreprises des protestants, qu'il attribuait à une longue impunité (or, depuis 1698, on avait pendu environ 28 ministres et des centaines de Réformés avaient été envoyés aux galères). Puis il assurait que la liberté des cultes mènerait à l'indifférence des religions, à lincrédulité et aux dissensions intestines. L'Assemblée présenta au Roi un mémoire conforme à ces conclusions. :
La réponse de Louis XVI à ce mémoire fut significative ; tout en promettant d’user de son autorité pour empêcher létablissement d’un culte différent de celui de l'Église catholique, apostolique et romaine, il insista sur l'emploi de la douceur dans les conversions : « Je favoriserai, dit-il, les mesures « pacifiques el charitables du clergé pour ramener à l'unité « ceux de mes sujets qui ont le malheur d’en être séparés. »
$ 8. — Tandis que les chefs de l'Église gallicane livraient ces combats désespérés contre la liberté des cultes, l'opinion publique la réclamait de plus en plus impérieusement et les Parlements, d’abord sourds à ees appels, commençaient à y prêter l'oreille. Les magistrats qui composaient ces cours de justice, étaient en majorité jansénistes, c’étaient en général des esprits justes mais étroits qui ne voyaient rien-au delà de
1. L'abbé Guidi était un oratorien, qui, après avoir enseigné les humanités à l'Oratoire de Paris, signa l'appel de Mer de Soanen.