Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

DEPUIS L'ÉDIT DE NANTES JUSQU'EN 1870

INTRODUCTION

Définition de la liberté de conscience et de la tolérance. — Corollaires de cette liberté. — Rapports avec les sociétés religieuses et avec la société civile. — Obstacles et causes favorables au développement de la liberté de conscience en France.

S'il est un sujet dans lequel il importe de prime abord de définir les termes, c’est une étude historique sur la liberté de conscience. Îl n'y a pas de terme dont on ait plus abusé que ceux de liberté de penser, liberté des cultes ou liberté de l’enseignement, ni de mot qui ait donné lieu à de plus intolérables malentendus que celui de tolérance. Aussi Mirabeau avait-il raison de dire à la Constituante, à propos de l’article 10 de la Déclaration des droits de l'Homme : « Ce mot qui « essaie d'exprimer la liberté de religion, ce mot me parait « Lyrannique lui-même, puisque l'autorité, qui a le pouvoir « de tolérer, attente à la liberté de penser par cela même, « et qu'ainsi elle pourrait ne pas tolérer. » Donc, avec le grand orateur, nous regardons la tolérance comme une forme très imparfaite et presque injurieuse de la liberté de conscience et comme telle nous la repoussons ; tandis que nous l’acceptons comme mode des rapports qui doivent s’établir entre des églises, des écoles ou des particuliers de convictions différentes. La tolérance est le #20dus vivendi normal qui doit s'établir

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