Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

82 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

civile du clergé, qui retenait le gouvernement, à court d’argent, par l'espoir d’un « don gratuit ». — Le 13 décembre, le Parlement de Paris recut l’ordre de mettre cette affaire de côté. Mais ce fut là une des dernières victoires de lesprit clérical, il lui était plus facile de faire rayer la question de la tolérance de l’ordre du jour au Parlement de Paris, que de la supprimer dans l'opinion.

$ 9. — Depuis l'abolition des Jésuites, elle avait passé au premier rang en Espagne, en Toscane et en Autriche. C’est dans ce derniér pays, qui avait été si longtemps la terre promise des Jésuites, que la cause de la tolérance allait remporter un triomphe éclatant. L'empereur Joseph IT couronna la série des mesures, qu'il avait prises contre l'accaparement des biens fonciers par là main-morte des couvents, par les Édits des 13-27 octobre 1781. — L’exposé des moufs renfermait un panée rique enthousiaste de la liberté de conscience.

Cette ordonnance eut un immense retentissement dans toute l'Europe. Si elle provoqua dans les Pays-Bas catholiques les révoltes d’une populace fanatisée, elle éveilla en France, du moins, un écho sympathique. Tous les amis de la philosophie et du progrès en matière religieuse applaudirent à cet acte de justice. La reine Marie-Antoinette, sœur de Joseph IT, ne put que faire l'éloge de cet édit au Roï, son époux.

Mais la cause de la liberté religieuse allait avoir en France un champion d'autant plus puissant, qu'il venait de rentrer couvert de lauriers, avec tout le prestige entourant un jeune capitaine qui à risqué sa vie et sa fortune au service de la cause de la liberté d’un peuple opprimé. La Fayette apparaissait alors, à tous, comme le héros de l'indépendance des peuples. Il avait rencontré là-bas, dans les premiers rangs de l’armée américaine ou du congrès, maint Francais d'outre-mer, descendant de huguenots proscrits par Louis XIV et son cœur avait saigné en pensant à tant de forces perdues par sa patrie. Lors de son second voyage en Amérique, en visite à Mount-Vernon (1784), Washing-