Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

DEPUIS LA MORT DE MAZARIN JUSQU A L'ÉDIT DE TOLÉRANCE 87

couvré leurs droits de citoyen et leur liberté de conscience; et par la plupart des catholiques, heureux de recevoir ces proscrits au sein de la grande famille gauloise. L'Académie française, jalouse de s'associer à l'enthousiasme général, désigna ce grand acte de justice du Roï comme sujet du concours de poésie, et, signe réjouissant des temps, un prêtre catholique, l'abbé Noël, obtint une mention honorable". La plupart des évêques, pourtant, et des prélats nobles qui menaient les Assemblées du clergé gallican, boudèrent ou protestèrent?. L'évêque de la Rochelle s’oublia même jusqu'à conseiller à ses ouailles, par un mandement, de désobéir à l’Édit de 1787. — Mais qu'importaient après la bataille ces coups de feu isolés? L'armée de l'intolérance et du fanatisme était en pleine déroute, une grande victoire avail été remportée par les partisans de la liberté religieuse en France. La révolution de 1789 allait achever l’œuvre si Justement commencée par

Louis XVI.

. Titre du poème de l'abbé Noël : Epitre d’un vieillard protestant & un Francais réfugié en Allemagne.

2. L'abbé de Salamon, dans ses Lettres, dénonce à Rome l'indigne conduite de Mer Dillon, archevêque de Narbonne, qui en prenant congé du Roi, à la tête du clergé, « ne rougit pas de le remercier de l'Edit des non-catholiques ». C’est un nom à ajouter à celui du cardinal de La Luzerne, sur la liste des évèques tolérants de l’ancien régime (Correspondance secrète de l'abbé Salamon avec le cardinal Zelada. Paris, 1898. Plon).