Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 17 enthousiasme redouble : « Il y'a là les plus belles allées que j'aie vues de ma vie », dit Edmond. Ce jardin, dont l'entrée est interdite au peuple, est le rendez-vous des bourgeoises honnêtes et des dames de qualité : «il a très bon genre, et l’on sait, en entrant, qu'il est le refuge de la vertu. » Dans toutes les allées, on rencontre des ‘enfants qui y prennent leurs joyeux ébats. Sur la terrasse du bord de l’eau, les suisses, gardes du jardin, ont établi de petites guinguettes où l’on peut venir se rafratchir. Ce qui frappe le plus nos visiteurs : « c'est la vue que l'on découvre depuis le perron du Louvre : de là, l'œil, perçant sous une sombre allée, aperçoit la statue de Louis, et dans le lointain un chemin terminé par une barrière et borné des deux côtés par les ChampsÉlysées. »

Il y avait un autre jardin ouvert au publie qui faisait les délices du jeune étudiant et de son précepteur, c'était celui du Luxembourg; situé près de leur domicile, ils s'y rendaient fréquemment pour y respirer plus à l'aise : « Pour moi, dit Edmond, ce jardin est la plus jolie promenade de Paris; je me figure quand j'y suis être dans ces Champs-Élysées dont parlent les poètes. » D'admirables quinconces, des bassins, des parterres dessinés avec goût contribuaient en effet à l'agrément de cette promenade ; elle avait encore un charme de plus, elle était peu fréquentée, on n'y rencontrait que quelques vieux