Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)
PRÉFACE. vis
Paris devenir le centre d’ardentes conspirations ; on comprend mieux comment les événements se sont enchainés, comment les menaces de la contre-révolution, la crainte de l'étranger, la peur d’un retour à l’ancien Régime, le double jeu de la Cour ont semé l’épouvante et insensiblement exaspéré et affolé les esprits; on s'explique mieux comment à un attachement passionné pour le Roi, succède une haine irréconciliable, comment cette ère de fraternité et d'amour, inaugurée avec un enthousiasme si sincère en 1789, finit par sombrer dans la haine et dans le sang. Dans leur naïveté et leur simplicité ces lettres éclairent d’un jour singulier bien des événements qui nous paraissaient incompréhensibles et inexplicables.
L’imagination, en effet, se refuse à comprendre comment tant de crimes ont pu être commis sans soulever d'horreur toute la partie saine, la partie honnête de la population, sans qu'elle s'insurgeñt et vint à bout par la force d’une bande d’égorgeurs.
L'explication devient plus simple quand on lit notre correspondance.
On reste stupéfait de voir avec quelle rapidité des gens de mœurs douces et d’une classe