Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

VIT PRÉFACE.

sociale élevée, mais enthousiasmés de la Révolution et de ses principes, se sont habitués aux pires excès, comment ils en sont arrivés à tout excuser, à tout trouver légitime et à prendre de bonne foi parti pour les bourreaux contre les victimes.

Mais on reste aussi frappé de la sincérité de leurs convictions. Ils sont persuadés qu'ils remplissent le devoir le plus strict; ils n'ont à la bouche que les mots de justice, d'équité, de droit. Cest au nom de ces grands principes qu’ils vous égorgent, ou tout au moins assistent impassibles à votre supplice.

Ces mêmes crimes qui, en temps ordinaire, les révolteraient comme d’horribles assassinals, leur paraissent tout simples, tout naturels, parce que le bien général l'exige. Ils en arrivent à une espèce d’inconscience. Ils ressemblent à ces inquisileurs, qui, le cœur léger et sans remords, soumettaient leurs victimes à d’effroyables tortures pour le bien de leur âme, ou les brülaient en grande cérémonie dans de pompeux autodafés pour l'édification publique et la plus grande gloire de Dieu.

C’est un fanatisme d’un aulre genre, et voilà tout.