Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PRÉFACE. IX

Eux aussi sont des illuminés ; ils vivent dans un rêve étrange. Eux aussi ils font intervenir Dieu, la Providence, ils font appel à la protection divine, ils se croient des justiciers. Ils se croient tous bons, vertueux, sensibles, ils ne parlent que d'austérité, de pureté de mœurs, et leur unique rêve est d'amener l'humanité à la perfection.

Il y a là un état d'âme bien singulier !

Nous avons fait d'assez nombreux emprunts à -un très curieux ouvrage paru il y a quelques années et publié par M. Lockroy sous le titre de Journal d'une Bourgeoise pendant la Révolution. Il'nous a paru intéressant et infiniment probant de rapprocher les opinions de deux personnes d'âges bien différents, vivant dans des milieux très distincts et cependant jugeant les événements dans des termes presque identiques.

Dans le Journal d’une Bourgeoïse le refrain ne varie pas : l’ordre, la tranquillité, le calme le plus complet règnent dans Paris; jamais on n’a vu des mœurs plus douces, plus paisibles. On se croirait transporté aux temps idylliques. Notre étudiant donne une note exactement semblable : le peuple:est doux, paisible, magnanime, il n'aime que les plaisirs-champêtres, ces plaisirs qui remplissent: le; cœur: de sentiments purs: et. élevés.