L'administration française dans les pays yougoslaves (1809-1813)

14 BOGUMIL VOSNJAK.

premier acte des Autrichiens fut de remettre l'école entre les mains du clergé. La réaction et la germanisation s’affirmèrent partont.

Les idées poliliques nouvelles apportées par les Français causèrent des modifications profondes dans les rapports entre les autorités civiles et les citoyens. L'ancien esprit servile des Autrichiens disparut, la confiance dans les agents de l'autorité s'accrut : le Gouvernement s'efforça d'établir un régime public, il prit sous sa garde la vie et la propriété; en un mot il restaura l’ordre et la paix civile ( Pax Gallica ».... Ce régime fut de courte durée. La défaite de Napoléon dans la campagne de Russie marqua la chute de la Yougoslavie française.

Le 31 août 1813, comme l'ennemi serraït de près Ljubljana, on transporta le Gouvernement illyrien à Trieste; mais là encore, le dernier gouverneur, Fouché, ne se sentit pas en sûreté: aussi se hâte-t-il de passer la frontière italienne. Les Français durent se retirer, guidés dans leur triste exode par Chabrol. Il faut lire les documents officiels, les rapports sur la chute de la domination française pour voir quelle fut la tristesse des réformateurs français quand ils se virent obligés d'abandonner l'Illyrie. On eut juste le temps de sauver les archives ct les caisses publiques, d'organiser le départ des fonctionnaires français qui allèrent chercher un refuge en Italie, émigrant de ville en ville. Tragique odyssée de ces administrateurs fidèles, conscients d'avoir semé dans un terrain encore inculte tout ce que l'administration française avait de meilleur et de nouveau. Hélas! l'Autriche ne tarda pas à établir de nouveau ses vieux principes politiques, et ainsi se termina l'épopée illyrique.

Avec la Restauration autrichienne, c’est la suppression de l'égalité sociale, l'aristocratie élevée au pouvoir, l'autorité confiée derechef à la féodalité : c’est le seigneur qui administre et qui juge. Le régime autrichien, qui étouffe le courage civique, continue à germaniser les sujets ; etc'est le retour au servage. Les États de la Carniole reprennent leurs réunions dans leur grotesque apparat.

De l'effort entrepris par les Français il reste bien quelques vestiges matériels, des routes et des ponts; mais les projets économiques hardiment conçus par eux sont maintenant anéantis: car les Autrichiens, tout en admirant cette œuvre, se gardent de la poursuivre. Leur mesquinerie, leur étroitesse d’esprit ne soupçonnent pas l'im-